Le Ju-jutsu … au travers des âges
APERCU HISTORIQUE DU JU-JUTSU ANTIQUE.
– LES ORIGINES:
Le plus ancien récit de lutte qui nous soit parvenu relate un combat de deux lutteurs NOMI-NO-SUKUNE et TAIMA-NO-KUEMA-YA sous le règne de l’Empereur SUININ. Ils se livrèrent un combat sans merci et NOMI-NO-SUKUME tua son adversaire à coups de pieds.
Les techniques employées tenaient à la fois du SUMO et du JU-JUTSU. A cette époque, le JU-JUTSU ne pouvait être qu’embryonnaire ! Le JU-JUTSU ne fit que se développer à partir du XVIème siècle et ce jusqu’au XIXème siècle.
Au début, le JU-JUTSU s’appelait JAWARA.
– CIRCONSTANCES DE LA NAISSANCE ET DU DEVELOPPEMENT DU JU-JUTSU:
Avant l’avènement des armes à feu, qui date du XVIème siècle, l’arc et les flèches étaient, au Japon, employées pour la guerre depuis les temps les plus anciens.
En combat rapproché, les guerriers utilisaient les sabres, les lances et occasionnellement, ils combattaient à mains nues. Cette technique appelée KUMIUSHI était déjà assez avancée et contribua au développement du JU-JUTSU.
Le guerrier japonais utilisait deux sabres (un long et un court). Cette coutume fut bannie en 1877 par l’Empereur MUTSU HITO (1867-1912) qui introduisit la civilisation occidentale.
La rigoureuse distinction des classes entre les guerriers et le commun du peuple interdisait le port des sabres à ce dernier. De plus, en présence de hauts personnages, le soldat devait souvent se présenter sans son long sabre. Ces interdits favorisèrent l’apparition de méthodes spéciales de défense telles les « Atemi », les « Clefs », les « Etranglements ». Ces pratiques furent étudiées et développées afin qu’une personne non armée puisse soumettre son adversaire.
– LEGENDES SUR LES ORIGINES PROBABLES DU JU-JUTSU:
1. Le Moine CHEN-YUNG-PING (Bonze chinois).
En 1650, le moine s’installa dans la région d’EDO (aujourd’hui TOKYO). Il enseignait la calligraphie et la philosophie chinoises et vivait seul dans une dépendance retirée du Temple. Il enseignait tous les jours à un haut fonctionnaire du SHOGUN. Pour sa sécurité personnelle, ce dernier était escorté par trois « KASHI » (Samouraï inférieur). Un soir, il fut attaqué par des bandits, les Kashi furent désarmés. C’est alors qu’intervint le BONZE chinois qui mit hors de combat ces agresseurs. Les trois Kashi, plein d’admiration, souhaitèrent connaître le secret de sa force. CHEN-YUNG-PING décida de les prendre pour disciples. Il enseigna une méthode différente à chaque Kashi. A l’un, les projections. A l’autre, les luxations et les étranglements. Au troisième, les atémis.
2. Du Cerisier et du Saule Yoshin Ryu.
SHIROBOI-AKYAMA-YOSHITOKI, médecin philosophe de NAGASAKI, habita un certain temps en Chine. Il eut l’idée d’une lutte dont le principe serait de « CEDER POUR VAINCRE ». En observant respectivement un cerisier et puis un saule lors d’une tempête, il constata que les grosses branches cassaient par la violence de l’ouragan mais que par contre, les ramures souples et fines du saule se pliaient pour revenir sans dommage à leur ancienne position. Il fonda le « YOSHIN-RYU » ou Ecole du « COEUR DE SAULE ».
3. Vision du Prince TAKENASHI RISAMORI.
Il influença le JU-JUTSU antique et excellait dans l’art du Jo-Jitsu ou Ken-Jitsu. Il eut la révélation de son art pendant son sommeil.
Un soir, il s’endormit au pied d’un arbre et un moine lui apparut. Celui-ci lui conseilla de réduire la longueur de son bâton pour gagner en vitesse et précision. Il lui montra les déplacements, l’utilisation d’un bâton court, d’une épée courte et des techniques d’immobilisations.
– TRANSMISSION DU JU-JUTSU:
Pendant la période féodale, les livres n’existaient pratiquement pas et les techniques étaient décrites dans les manuscrits des écoles. A part cela, il n’y avait aucune source d’information si ce n’est qu’oralement ou par imitation. Les adeptes devaient jurer le secret et les manuscrits se transmettaient de Maître à Maître dans les écoles.
– INFLUENCE BOUDHIQUE:
Le bouddhisme, introduit au Japon dès le VIème siècle, accroît son influence au XIIème siècle et se transforme en secte « ZEN » (méditation). Le ZEN prône l’action, la discipline, le développement de soi.
Les Maîtres du ZEN comprirent qu’on ne pouvait se surpasser qu’en améliorant son état psychique. Beaucoup de BUSHI devinrent des espèces de moines guerriers.
Les SAMOURAI s’intéressèrent au ZEN car l’entraînement les libéraient des idées préconçues : angoisses, peur de la mort. En libérant l’individu, l’entraînement permettait une action directe.
– EVOLUTION DU JU-JUTSU:
A la fin du XIXème siècle 1868) le SHOGUNA TOKUGAWA qui détenait le pouvoir depuis le 17ème siècle s’écroulait et les règles impériales furent restaurées. Ces mêmes années virent le déclin rapide des arts martiaux.
Différentes écoles de Ju-Jutsu, privées des subventions des clans riches, commencèrent à décliner.
JIKORO KANO redonna une nouvelle impulsion à la pratique des arts martiaux. Entré en 1877 à l’Université de Tokyo, il étudie le Ju-Jutsu chez Maître FUKUDA de l’Ecole TENSHIN-SHINYO-RYU. Dans cette école, il découvrit l’ATE-WAZA et le KATAME-WAZA.
Après la mort de Maître FUKUDA et de son successeur son fils ISO MASATOMO, Jikoro KANO cherchera un autre professeur. En 1881, il entre à l’école KITO-RYU de Maître LIKUBO où il découvre les NAGE-WAZA. LIKUBO enseigne un principe très important : « minimum d’énergie, maximum d’efficacité ».
Kano avide de connaissances dévore de vieux manuscrits originaux d’autres écoles et fonde sa propre école de JUDO en 1882 dans son dojo « Le KODOKAN ».
A cette époque, une rivalité se développe entre les écoles de Ju-Jutsu et le Kodokan.
En 1886, sous les auspices du chef de police, un grand tournoi fut organisé entre les deux écoles. Dans cette rencontre, où chaque camp avait envoyé 15 hommes, le KODOKAN gagna tous les combats sauf deux qui finirent par un match nul.
En 1897, le gouvernement japonais crée une école nationale regroupant tous les arts martiaux, le BUTO KUKAI.
A partir de 1930, la situation politique laisse prévoir la possibilité d’un conflit. Les militaires favorisent l’expansion, le développement des arts martiaux. Le BUTO KUKAI devient très puissant et forma la population, à l’esprit du BUSHIDO.
Après la défaite du Japon, les Américains interdisent toutes les activités inspirées du BUSHIDO.
Le JUDO, JU-JUTSU, KENDO, AIKI-DO, des arts typiquement japonais, furent prohibés en Amérique. Par contre le KARATE-DO ne fut pas interdit.
Les Professeurs du KODOKAN furent autorisés à enseigner aux troupes d’occupation. Par la suite, ces sports de combat furent permis, à condition de ne plus se présenter comme un art martial.